Paris, le 13 mai 1848. Anne Marie Javouhey semble de belle humeur, en ce renouveau du printemps. Ne nous y trompons pas... Février 1848, révolution à Paris, chute du roi Louis Philippe, proclamation de la deuxième république... quelques semaines plus tard, le 25 juin 1848, Monseigneur Affre, Archevêque de Paris, sera tué sur les barricades.
Les révolutions, Anne Marie les connait d’expérience ; elle écrit à Sœur Marie-Joseph, qui vit à Saint Pierre et Miquelon ; "La révolution a t’elle pénétré parmi les glaces dont vous êtes entourées ? Je le crois parce qu’aucun obstacle ne l’arrête ; nous y sommes presque accoutumées... Nos maisons vont bien, partout on se plaint de la misère commune, mais on est soumis. On ne sait pas encore comment se trouveront les colonies de la liberté sans indemnité actuelle ; il y aura nécessairement grande misère, mais il faut espérer qu’il n’y aura pas de guerre civile... Prions beaucoup, surtout pendant ce beau mois de Marie où il semble que la ferveur est plus grande que dans aucun temps de l’année. Si vous saviez ce qu’il y a de ferveur à Paris ; comme les peines, les chagrins ramènent vers Dieu. Là seulement on trouve des consolations."
Consciente des réalités, lucide sur son temps, attentive aux appels de détresse, Anne- Marie nous rappelle que les véritables témoins du Christ se doivent d’être des contemplatifs dans l’action.