"Si personne n’oublie la Toussaint et ses vacances, les catholiques ont tendance à faire abstraction de la commémoration des défunts qui survient le lendemain...."
Nous savons que dans certaines religions et civilisations la fête des Morts est très ancienne. Au Mexique, par exemple, l’origine remonte à la civilisation des Aztèques qui célébraient leurs morts deux fois par an : une fois pour les enfants et une fois pour les adultes. Et cette célébration était haute en couleur. Mais qu’en est-il dans la religion chrétienne ? Remontons le temps.
"Cluny, 998. Il commence à se faire tard à l’abbaye de Cluny, lorsque les cloches de l’église sonnent la fin de la dernière messe de la journée. Un à un, les fidèles saluent l’abbé Odilon avant de reprendre le chemin de leur demeure. C’est alors qu’une jeune femme toute vêtue de noir s’approche de lui. Les yeux humides et le regard fuyant, elle demande d’une voix frêle :
- Monsieur l’abbé, dit-elle, mon père est mort subitement il y a quelques jours sans confession. Le Seigneur le recevra-t-il ?
Pris de court par cette soudaine question, le cœur d’Odilon tressaille. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’on lui demande cela. Mais comme à chaque fois, il est n’est pas sûr de savoir répondre.
- Votre père était-il un homme bon ?
- Il a été bon chrétien toute sa vie. Mais il est mort en accusant Dieu de l’avoir fait périr.
- Les délires d’un malade ne peuvent refléter l’âme de celui-ci. C’est au purgatoire que votre père expiera ses dernières fautes. Le paradis ne lui est point fermé.
Un soupir peu convaincu échappe à la jeune femme qui remercie tout de même l’abbé avant de s’en aller. Le trouble ne quitte pas Odilon. Une fois les servants de messes renvoyés, il s’agenouille devant l’autel pour prier pour le défunt...
La solution est bien simple, en fin de compte. Les fidèles prient bien pour les saints, déjà auprès de Dieu. Alors pourquoi ne pas prier pour ceux qui n’ont pas fini leur chemin vers le royaume éternel ?
Ainsi, la première commémoration des fidèles défunts a lieu à Cluny, le 2 novembre 998. Approuvée par le pape Léon IX (1002-1054), la tradition se répand dans toute la chrétienté.
Le jour des Morts devient une fête universelle dans l’Église au XIIIe siècle. Si son but premier est de prier pour les défunts au purgatoire, elle permet également de réaffirmer l’immortalité de l’âme."
Extrait du texte publié sur Alétéia le 01/11/20 par Aliénor Goudet