« Je suis bien reconnaissante de votre bonne lettre qui me montre votre position délicate ; vous devez y reconnaître le doigt de Dieu et ne jamais vous décourager. Vous êtes appelé à soutenir cette belle entreprise, et moi à vous aider. Ne vous découragez jamais, mais réfléchissez beaucoup. Mettez-vous sous la protection de Saint Joseph, il ne vous manquera jamais dans le besoin… »
Cette exhortation d’Anne-Marie Javouhey, dans l’une de ses lettres à Monsieur l’Abbé Gaulle, directeur au Mesnil-Saint-Firmin, le 20 mars 1850, mérite bien d’être méditée aujourd’hui.
Complexité de la mission aujourd’hui
En vous écoutant les uns et les autres, l’on mesure très clairement la complexité de votre mission ainsi que celle des problématiques qui se présentent à vous. Pour autant, vous êtes là où vous êtes parce que la Tutelle vous fait confiance, à vous d’abord, ainsi qu’aux personnes dont vous vous entourez pour conduire les établissements qui vont sont confiés. Vous avez été appelés parce qu’il y a du bien à faire là où vous vous trouvez, aujourd’hui et maintenant.
Nous sommes à vos côtés pour vous aider, tout comme le disait Anne-Marie Javouhey à l’Abbé Gaulle en son temps.
Ne pas se décourager
« Ne vous découragez pas », nous dit la Bienheureuse Anne-Marie. « Ne pas se décourager » ne signifie pas que nous n’avons pas le droit d’avoir des moments de doute. De même nous avons le droit de nous sentir démunis, voire même impuissants face à telle ou telle situation. Cette fragilité est l’essence même de notre humanité. C’est ce qui finalement nous rend plus accessibles aux autres quand nous exerçons nos responsabilités.
« Il faut passer d’ un management de la certitude à un management de la fragilité », dit Jean-Pierre Letartre, ancien dirigeant Europe d’EY (Ernst and Young) et membre des EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens), « il faut passer de l’arrogance à l’écoute… celui qui n’écoute pas va dans le mur. La fragilité est aujourd’hui un vrai sujet à réfléchir dans nos modes de management. La fragilité n’est pas la faiblesse, elle n’exclut pas de prendre des décisions difficiles… »
Lâcher prise
Comment ne pas évoquer ici la deuxième lettre de Saint Paul aux Corinthiens « quand je suis faible, c’est alors que je suis fort ».
Difficile parfois de lâcher prise, car la tentation est grande de vouloir parfois avoir une réponse à tout, au risque de faire peser sur soi une responsabilité qui devient alors tellement lourde qu’elle se transforme en fardeau.
Pourquoi ne pas laisser alors la puissance de Dieu se déployer dans notre faiblesse, « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
Puissiez-vous garder courage tout au long des semaines à venir. Puissiez-vous vous laisser porter par la confiance et l’espérance. Au-delà des écueils, que la mission que vous avez reçue vous nourrisse et demeure pour vous source de joie !
Ronan CARIOU (Responsable de la Tutelle des sœurs de Cluny)
Lettre adressée aux directeurs et directrices du réseau