“Le 20 août 1806, fête de Saint Bernard, avait été choisi avec intention par notre vénérée Mère (*), qui tenait à placer sa petite chapelle sous les patronages et le vocable de ce grand saint, l’un des patrons de la Trappe […] toutefois , cette question de vocable n’avait fait à l’avance entre elle et M. Ollivier(**) l’objet d’aucune délibération [….]
Or voici ce qui se passa le jour désigné pour la bénédiction : lorsque la petite société se trouvait déjà réunie dans l’oratoire, le dialogue suivant s’engagea entre le pieux curé et Mlle Javouhey : “Sous l’invocation de quel saint voulez-vous placer votre chapelle ? - Sous celle de Saint Bernard, lui fut-il répondu sans hésitation. Mais pourquoi Saint Bernard ? s’écria le curé surpris, pourquoi pas Saint Joseph ? Sainte Thérèse a mis sa première fondation sous la protection de ce grand saint… et moi, je m’appelle Joseph.
A ce nom Sainte Thérèse, la révérende Mère crut voir, dans la suggestion du digne curé, une lumière d’en haut, et elle lui dit, avec le sentiment d’une respectueuse déférence : “comme vous voudrez, mon père.” Et c’est ainsi que notre premier oratoire se trouva placé sous le vocable de l’auguste chef de la sainte Famille.
Remarquons ici que la petite famille qui se groupait alors autour de Mlle Javouhey ne formait qu’une simple association pieuse, quoique la vie de communauté y eût déjà pris son cours ; et néanmoins le nom de l’humble chapelle passa immédiatement à la petite société à peine éclose.
Le gouvernement la reconnut sous ce titre, et ce sera désormais sa désignation, son signe distinctif au sein des autres familles religieuses.
C’était la réalisation de ce qui d’ordinaire se pratique dans l’Eglise, où les ordres religieux prennent leur nom de leur première église ou de leur premier monastère."
(*) Anne-Marie Javouhey
(**) M. Ollivier, curé de Saint-Pierre de Chalon-sur-Saône
Texte des Annales Historiques de la Congrégation Saint Joseph de Cluny
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