Je suis un vase. Plutôt beau, utile, il plait beaucoup à tous ceux qui s’occupent de lui, le bichonnent avec tendresse, ou bien le regardent de loin, sans trop oser y toucher finalement.
Tout nouveau tout beau !
Mais voilà, cela n’a pas duré…
Bing, un coup maladroit et il s’est fendu.
Bang, ce jour-là il n’était pas à la bonne place, au bon endroit et il a reçu un coup qui lui a laissé une bien vilaine trace.
Boum, c’est une rage incompréhensible, peut-être sournoise qui l’a heurté violemment, le laissant par terre, ébréché.
Quelqu’un l’a remis à sa place et vraiment en le tournant d’une certaine façon, on n’y voit pas trop de dégâts.
Des années passent. Dans son coin, ce vase, se rapetisse, comme il est fendu, on hésite à s’en servir. D’ailleurs les beaux bouquets, il n’en veut plus non plus, il a bien peur de ne plus savoir quoi en faire.
Ce vase, même cassé, il ne peut pas en rester là.
Il y a l’ amour de tous ceux qui sont autour de lui.
Il y a le savoir faire de ceux qui savent recoller les morceaux et qui le font avec patience et détermination.
Du temps passe. Longtemps parfois. Car le vase est vraiment en piteux état.
Parfois, on recolle tout, ça a l’air bien. Mais pas de chance, on n’a pas vu un gros morceau hideux, venu d’on ne sait où, incrusté à l’intérieur ; et qui pousse le tout à se briser de nouveau.
A force le vase, commence à reprendre de l’allure, même s’il est recollé de partout. Il n’est bien sûr plus du tout comme avant.
Il est même assez différent mais il a une certaine beauté :
une vraie mosaïque ;
une œuvre unique ;
un air tellement énigmatique pour certains ;
et pour d’autres, c’est juste leur vase.
Le vase qui doit réussir ultimement à s’accepter et s’aimer lui-même.